mardi 26 novembre 2024

Kavouri Biomecanique.

 


Les Kavouri : Une civilisation étrangère et implacable

Biologie biomécanique – La fusion de deux mondes

Les Kavouri ne sont ni entièrement organiques, ni entièrement mécaniques. Leur constitution biomécanique semble être le fruit d’une évolution ou d’une ingénierie que les scientifiques humains n’ont jamais rencontrée. Leur corps est composé d’exosquelettes métalliques vivants, capables de se régénérer et de s’adapter. Chaque Kavouri est une combinaison parfaite d’efficacité technologique et de résilience biologique. Cette fusion leur confère une résistance exceptionnelle, une vitesse effroyable, et une capacité de survie qui dépasse l’entendement.

La reproduction des Kavouri repose sur un processus qu’on ne peut que qualifier d’effrayant. À l’état larvaire, les Kavouri sont incubés dans des cavités biomécaniques, des sortes de cocons semi-organiques qui utilisent des ressources environnantes – chaleur, minéraux, et même la matière vivante – pour accélérer leur développement. En quelques heures seulement, une larve devient un combattant adulte prêt à rejoindre le collectif. Ce cycle de reproduction rapide, combiné à leur structure de ruche, fait des Kavouri une force exponentielle, toujours en expansion.

La ruche et le combat – Une force implacable

Au combat, les Kavouri ne se battent pas comme des individus mais comme des extensions d’une seule volonté, celle de la ruche. Ils se déplacent en parfaite synchronisation, formant des essaims tactiques qui adaptent constamment leur stratégie. Là où une armée humaine se divise par spécialités, les Kavouri sont tous polyvalents, chacun capable de se transformer pour répondre aux besoins du moment. Une créature au sol peut déployer des appendices mécaniques pour devenir un tireur à distance ou, si nécessaire, une machine de siège.

Leur nombre est leur arme ultime. Lorsque les Kavouri attaquent, ils submergent leurs adversaires avec une telle intensité que même les plus disciplinées des forces humaines se retrouvent débordées. Mais ce n’est pas qu’une simple question de quantité : chaque Kavouri se bat sans peur, sans relâche, avec une violence froide et méthodique.

Une culture étrangère – Le tabou de la mort

L’aspect le plus déroutant des Kavouri réside dans leur culture, profondément ancrée dans une philosophie collective où la mort n’a pas sa place. Pour eux, la mort n’est pas un événement naturel ou inévitable, mais un concept déshonorant. Elle est perçue comme une faiblesse, une trahison envers la ruche.

Parler de la mort ou simplement la concevoir est un acte qui provoque un malaise extrême au sein de leur société. Ceux qui s’écartent de cette norme sont immédiatement “effacés”. Ce terme, bien que difficile à traduire, semble décrire une sorte de dissolution dans la conscience collective. L’individu fautif est déconnecté, son existence est éradiquée non seulement physiquement mais aussi psychiquement. Son souvenir est supprimé de la mémoire de la ruche, comme s’il n’avait jamais existé.

La clé de cette philosophie réside dans leur esprit collectif. Chaque Kavouri est une partie intégrante d’une conscience partagée, et l’individualité est perçue comme une aberration. C’est pourquoi ils méprisent les autres espèces, notamment celles qui se battent pour des idéaux personnels ou pour la survie individuelle. Ce mépris va jusqu’à se manifester sur le champ de bataille : les Kavouri ne prennent pas de prisonniers et ignorent toute tentative de négociation ou de reddition.

La clémence ? Une hérésie.

La notion de pitié ou de clémence est totalement étrangère aux Kavouri. Pour eux, montrer de la clémence, c’est accepter l’existence de la faiblesse, et la faiblesse est incompatible avec leur vision du collectif. Ceux qui osent demander grâce sont non seulement éliminés, mais leur comportement est souvent utilisé comme exemple pour renforcer la détermination des Kavouri. Toute espèce incapable de comprendre cette brutalité est simplement considérée comme une ressource à consommer.

Une guerre psychologique et physique

Ce qui rend les Kavouri encore plus terrifiants, c’est leur effet sur le moral des espèces qu’ils attaquent. Leur absence totale d’émotions visibles – ni peur, ni colère, ni joie – fait d’eux des adversaires inhumains. Leur esprit de ruche, qui fonctionne comme une seule entité, semble toujours en avance sur les stratégies humaines, adaptant chaque mouvement avec une efficacité déconcertante.

Pour les survivants humains, les Kavouri incarnent la terreur ultime : une force inépuisable, dépourvue de pitié et impossible à raisonner. Leur avancée est souvent précédée par des cris stridents – une sorte de signal biologique ou mécanique – qui paralyse les esprits les plus courageux. Ce bruit est rapidement suivi par une marée sombre d’ombres biomécaniques, prêtes à tout annihiler.

Les Kavouri, une énigme tragique

Mais derrière cette façade impitoyable, les Kavouri pourraient être bien plus qu’une simple force destructrice. Qui les a créés ? Leur esprit collectif est-il une évolution naturelle ou le produit d’une expérience ancienne ? Ces questions restent sans réponse, mais elles alimentent les craintes : les Kavouri pourraient bien être les vestiges d’une civilisation autrefois glorieuse, tombée sous le poids de sa propre ambition.

Pour l’instant, une chose est claire : face aux Kavouri, il n’y a qu’un seul choix. Résister… ou disparaître.



samedi 9 novembre 2024

Temple.

 

Sous l’éclat spectral des trois lunes de la colonie 23331, un véhicule blindé de reconnaissance fend la nuit. Le moteur ronronne, étouffé par le silence oppressant des plaines. La lumière bleutée des phares balaie les reliefs rocheux et les herbes hautes, projetant des ombres tremblantes sur le paysage. À son bord, le chef d’équipe, Tharreau Paul Antoine, un grand gaillard de 27 ans au sourire contagieux et à l’âme d’aventurier, tenait fermement le volant. Il commande fièrement son éclaireur blindé, flanqué de ses deux camarades Ronald et Bastide.

Les Dargon, forces spéciales redoutées, comptent sur leur unité d'éclaireur les Sentinelles de l’Aube pour être les premiers à mettre pied sur les futures colonies, détecter et annihiler tout danger. On les appelle les "Nettoyeurs", un surnom péjoratif qui leur colle à la peau. Mais pour Paul, Bastide, et Ronald, ces éclaireurs, la moquerie n’a que peu d’importance. Ils sont en quête d’aventure, et leur réputation leur suffit.

Le paysage qui défile sous leurs roues est monotone : de vastes plaines entrecoupées de monts rocheux, balayés par des brises et de brèves averses. Une planète paisible. Trop paisible, disent certains. Rien de notable à signaler, à part cette fois où Paul s’est *héroïquement* blessé en tentant d’éplucher un fruit local. Le couteau avait ripé, se plantant dans son propre biceps, sous les rires moqueurs de ses compagnons.

Paul avait l’habitude de dédramatiser, même les missions les plus tendues, ce qui agaçait parfois ses camarades autant que cela les rassurait. A la fois concentré et détendu, guide le véhicule avec l’assurance d’un vétéran. Ce soir-là, la mission est simple : trouver un lieu pour bivouaquer et reprendre des forces. Pas un péril à l’horizon, pas une menace à éradiquer. Une routine qui, pour les Sentinelles de l’Aube, frôle l’humiliation.

Ronald, blond peroxydé de 25 ans, massait distraitement ses biceps, son humeur joviale en décalage complet avec l’atmosphère qui s’alourdissait.

"On s’emmerde," déclare Ronald en s’étirant, brisant le silence.

"On dirait que cette foutue planète est morte depuis des siècles," grogne Ronald depuis le siège passager.

Il tape nerveusement du pied sur le tableau de bord.

"Sérieusement, on pourrait au moins avoir un caillou un peu agressif, histoire de se dérouiller."

"Même pas un fichu lézard à écraser. Sérieusement, c’est ça notre mission ?"

Paul, aux commandes, lance un regard amusé dans le rétroviseur. "Fais gaffe à ce que tu souhaites, Ronald. La dernière fois que tu as voulu de l’action, c’est toi qui as fini avec un nid de Skolons sur la tête."

"C’était un entraînement, ça ne compte pas," rétorque Ronald avec un sourire éclatant. Sa chemise moulante trahit des muscles sculptés par des heures de musculation. L’extraverti de l’équipe, toujours prêt à relever un défi absurde.

Derrière eux, le fougueux Bastide 22 ans au cheveux noir corbeau, plus jeune, mais plus réfléchi, nettoie méthodiquement son arme. Il lève les yeux, l’air sérieux. "N’empêche, si cette planète est vraiment aussi morte qu’elle en a l’air, pourquoi nous envoyer ici ? C’est trop calme, même pour une mission de reconnaissance."

Paul hausse un sourcil, sans quitter la route des yeux. "Ordres des supérieurs. On explore, on sécurise. Si tout va bien, cette colonie deviendra une station de transit. Et nous, on passe pour des héros qui ont bravé l’inconnu. Tout bénéf'."

Mais derrière son sourire confiant, Paul ressent une pointe d’inquiétude. Il sait que dans les missions des Dargon, l’ennui précède souvent la catastrophe.

Depuis l’arrière, Bastide réplique avec calme, tout en resserrant la sangle de son fusil. "Préférerais-tu tomber sur un nid de Kavouris ? Crois-moi, ça devient tout de suite moins marrant." Ses yeux sombres fixent la nuit à travers la fente du blindage. Réfléchi et méthodique, il joue souvent le rôle de modérateur entre Ronald et Paul.

Paul, lui, esquisse un sourire en coin sans quitter la route des yeux. "Relax, les gars. On est là pour poser les bases. Pas de danger, pas de stress. Et si on s’ennuie trop, je trouverai bien un moyen de mettre un peu d’action."

Les deux autres éclatent de rire. Ils connaissent Paul. Aventurier dans l’âme, il a un don pour transformer l’ordinaire en spectacle. Ses petites aventures, souvent maladroites, sont devenues des anecdotes légendaires parmi les Dargon. Bastide le surnomme affectueusement "le héros des incidents inutiles".

Le seul événement marquant de la semaine s’était produit la veille, lorsque Paul avait tenté d’éplucher un fruit local avec son couteau militaire. Le fruit, coriace et glissant, avait eu raison de son imprudence : la lame avait ripé, entaillant profondément son biceps droit. Bastide et Ronald s’étaient tordus de rire, transformant l’incident en une anecdote moqueuse qu’ils n’étaient pas près d’oublier.

Un Mystère Émerge

Alors qu’ils traversent un plateau, un reflet inhabituel attire leur attention.

Ce soir-là, la routine est rompue. En surplomb d’une crête, ils découvrent une structure inattendue : Une anomalie. Paul ralentit et dévie de leur route initiale, intrigué. "Vous voyez ça ? Ça ressemble à une structure. Peut-être une ruine."

La curiosité électrise l’équipe. Les ruines, bien que rares, sont toujours synonymes de mystère, et parfois de danger. Ronald ricane. "Tu paries qu’il y aura au moins un trésor ou une saleté extraterrestre à exterminer ? Ça pourrait enfin valoir le coup."

Ils atteignent bientôt le site : une immense structure de pierre érodée, en partie enfouie sous des dunes. Des colonnes brisées se dressent comme des ossements dans le vent nocturne, et des symboles étranges ornent encore les parois épargnées par le temps.

"C’est quoi, ça ?" murmure Bastide, déjà prêt à descendre.

Bastide descend du véhicule le premier, fusil en main, examinant les lieux avec prudence. "C’est vieux… Très vieux. Et rien de tout ça ne figure dans les archives."

Il ajuste son casque, scannant la structure avec ses capteurs. "Aucune donnée dans les archives. Ça n’a pas l’air humain."

A la place passager Ronald sourit, enfin excité. "Alors, les gars, on fait quoi ? On entre et on ramène un souvenir ? Peut-être une tête de statue à poser dans la cantine ?"

Paul, cependant, est déjà hors du véhicule, scrutant les gravures qui ornent la façade. "On ne peut pas ignorer ça. Si c’est ce qu’on pense, ça pourrait être une découverte majeure."

Bastide hésite. "Majeure, ou dangereuse. On n’est pas équipés pour fouiller ce genre d’endroit."

Paul ne peut contenir son excitation. "On ne peut pas laisser ça sans inspection. Je vais jeter un œil à l’intérieur."

"Seul ? T’es sérieux ?" Bastide lève un sourcil sceptique. "On ne sait pas ce qui peut se cacher là-dedans. Ça pourrait être piégé, instable, ou pire."

Mais Paul, fidèle à lui-même, ne répond qu’avec un sourire et son fidèle couteau dégainé.

"Alors, reste là," répond Paul avec un sourire en coin. "Moi, j’y vais."

Ronald hausse les épaules. "Laisse-le faire. Il adore jouer les héros. Si ça tourne mal, on le tirera de là."

Une Découverte Funeste

À l’intérieur, l’atmosphère est glaciale. Le temple est sombre, son atmosphère alourdie par un air vicié et stagnant. Chaque pas de Paul résonne, comme si les murs murmuraient autour de lui. Paul avance prudemment, sa lampe balayant les murs couverts de gravures étranges. Les motifs semblent bouger à la limite de son champ de vision, mais à chaque fois qu’il s’arrête, tout redevient immobile. Il secoue la tête, rejetant cette impression comme un jeu de lumière.

Une douleur sourde monte dans son bras droit, là où la blessure infligée par son propre couteau la semaine passée semble s’être rouverte. Mais il ignore la sensation, absorbé par les gravures étranges qui dansent sous la lumière de sa lampe.

Au détour d’un couloir effondré, il trébuche sur une pierre et s’arrête net. Un bassin, rempli d’un liquide noir et iridescent, occupe le centre de la pièce. Les gravures qui l’entourent sont différentes, plus marquées, presque vivantes. Fasciné, Paul s’approche, ignorant les picotements dans son bras. Une goutte de sueur perle sur son front tandis qu’il tend la main, hypnotisé.

C’est alors que tout bascule.

Une ombre surgit du bassin. Invisible à l’œil nu, elle s’infiltre dans sa plaie ouverte. Paul titube, ses yeux se révulsent, et un hurlement guttural s’échappe de sa gorge. Il tombe à genoux, puis disparaît dans le silence.

Le Massacre

Quand Paul émerge enfin des ruines, il n’est plus lui-même. Ses traits sont déformés, ses yeux brillent d’un éclat inhumain. Bastide et Ronald, qui attendaient près du véhicule, se redressent aussitôt. "Paul ? Ça va ?" demande Bastide, méfiant.

— « Paul ? » Bastide fit un pas vers lui, inquiet. « Qu’est-ce qui se passe ? T’as trouvé quoi là-dedans ? »

Paul releva lentement la tête. Son sourire était vide, mécanique.

— « Vous devriez voir ça... C’est... magnifique. »

Sa voix était rauque, presque étrangère.

Ronald s’approcha, mais Bastide l’arrêta. Paul n’était plus lui-même. Son visage était livide, ses yeux voilés d’une absence dérangeante.

« Paul, ça va ? » demanda Bastide, inquiet.

— « Attends, regarde ses yeux. Ils... »

Mais Paul ne répond pas. Sa respiration est rauque, animale. En un éclair, il se jette sur eux avec une force décuplée. Ronald tente de l’immobiliser, mais un coup de couteau fend l’air et s’enfonce profondément dans son torse. Bastide hurle, levant son arme, mais hésite une fraction de seconde de trop. Paul – ou ce qu’il est devenu – frappe à nouveau, avec une violence aveugle.

Le reste ne fut qu’un chaos de cris étouffés et de chairs déchirées.

Quand le jour se lève, il ne reste plus qu’un carnage. Les corps de Bastide et Ronald gisent dans des positions grotesques, mutilés à l’extrême. Paul, quant à lui, a disparu.

Épilogue : Un Mystère Sans Réponse

L’enquête conclura que la planète abritait un parasite ancien, don l'ADN très proche connu sous le nom de Kavouri. Une forme de vie intelligente et prédatrice, capable de prendre le contrôle d’un hôte. Mais les réponses restent fragmentaires, et les Dargon décideront d’abandonner temporairement toute tentative de colonisation.

Paul Tharreau Antoine, éclaireur de légende, restera dans les mémoires comme l’homme qui a découvert, à ses dépens, une nouvelle forme de vie. Sa soif d’exploration aura été sa perte, et son histoire, tragique, viendra hanter les récits des colons de la colonie 23331.

Aujourd’hui encore, les vents de 23331 murmurent cette histoire. On dit que si vous écoutez bien, vous pouvez entendre les échos de Paul, hurlant dans l’éternité, rongé par le regret. Il voulait découvrir l’inconnu, et ce dernier l’a dévoré.