mercredi 7 mai 2025

Vaisseau Kavouri kamikaze.

 

Le désert de la colonie 14402 s’étendait à perte de vue, vaste océan de sable et de rocaille dont la monotonie, paradoxalement, captivait le regard. Le soleil de la colonie 14402 inonde le désert d’un éclat cru, révélant une étendue de dunes ocres et d’horizons infinis.Il y avait dans cette étendue aride une beauté brut, presque hypnotique, faite de silence et de lumière vif, de lignes sans fin et de mirages trompeurs. Chaque dune semblait figée dans le temps, comme si le monde avait cessé de tourner. Cette dualité entre la grâce austère du paysage et sa répétition oppressante éveillait chez les observateurs un sentiment mêlé de fascination et d’inquiétude. Mais cette sérénité ce silence immuable, presque sacré fut brutalement déchirée par l’apparition soudaine d’un vaisseau kamikaze kavouri, surgissant à ras du sol dans un sifflement métallique. L’engin fendit l’air, soulevant un nuage de poussière dense, striant la quiétude du désert d’une menace brutale et imminente.

À bord, il est seul dans son poste de commandement, baigné d’une lumière laiteuse, ses yeux grands ouverts sur la fin du monde. Le Commandant Kavouri observe avec des yeux neuf a travers un hublot les dernières lueurs du jour. Il n’a que quarante-huit heures d’existence; à peine éclos de son cocon d’incubation, il porte déjà la fatalité en bandoulière. Ses yeux bifides, emplis de curiosité innocente, découvrent un monde qu’il ne reverra jamais. Pour ses dernières heures, il murmure :

« Dans la fournaise des Dargon, la peur deviendra une arme. »

« Je ne suis que l’écho d’un souffle artificiel… Né pour mourir. Voilà ce que je suis.

Je ne connaîtrai jamais l’eau sur la langue. Ni le froid sur la peau. Mon existence n’a été conçue que pour cette ultime tâche.

Est-ce cela, la guerre ? Être une étincelle programmée pour brûler dans la nuit ennemie ?

…Pourquoi alors puis-je ressentir la beauté de ce désert ? Pourquoi puis-je avoir… peur ?

Non. Ce n’est pas la peur. C’est… la lucidité. La compréhension de l’œuvre que nous allons accomplir.

La stratégie des Kavouri est née d’une étude clinique de la psyché humaine sur des prisonniers : la vision de la mort, irrémédiable et sauvage, terrifie au plus profond l’âme mortelle. Le plan est simple et terrifiant : après l’impact, la vision de leurs corps déchiquetés doit traumatiser un maximum de soldats adverses. En brisant ainsi le moral des troupes ennemies, les Kavouri visent un effet psychologique dévastateur : semer l’effroi et l’abattement dans les rangs opposés, jusqu’à provoquer l’effondrement de leur volonté de combattre.

Dans cette optique, des milliers de prisonniers humains, sont embarqués à bord du vaisseau kamikazes kavouri. Dans les entrailles du vaisseau, des milliers de prisonniers humains, vidés de toute utilité, désormais réduits au rang de cargaisons, sont entassés avec un bataillon de soldats kavouri. Jamais offensive n’aura lorgné si froidement vers l’horreur.

---Le soleil écrase la poussière rouge de son œil aveuglant. À l’horizon, une ligne tremble, indistincte. Ce n’est pas une tempête, ni une patrouille… c’est autre chose.

Un soldat DARGON, le caporal Arven Salek, observe au loin à travers sa paire de jumelle.

Il murmure à la radio :

> « Ici Salek, tour de garde Alpha 4. Mouvement non identifié à 12 heures… bas, rapide, silence moteur. »

Une voix de l’officier de service répond sèchement :

> « Confirme approche ? »

> « C’est pas une approche, c’est le jugement dernier. »

L'objectif est a porté de vue : le vaisseau kamikaze vie ses dernier instant.

le jeune commandant Kavouri, à peine sorti de son cocon d’incubation, continuais de contempler le monde avec l’émerveillement naïf d’un enfant découvrant la vie. Deux jours seulement s’étaient écoulés depuis sa naissance : deux jours pour assimiler la stratégie implacable « Que restera-t-il de notre sacrifice ? » se demande-t-il à voix haute. « Des ruines, des cadavres, des esprits fracassés… Et surtout, un enseignement : la guerre n’est pas un échange de feux, mais une guerre des âmes. Celui qui tient le cœur de l’ennemi tient la victoire. »

« Nous ne sommes pas des êtres… nous sommes des souvenirs.

Et les souvenirs peuvent empoisonner les esprits plus sûrement que le feu ou le plomb.

Vous nous avez vus tomber. Vous avez vu les vôtres mourir avec nous.

Et maintenant… nous vivrons en vous.

Dans chaque cauchemar.

Dans chaque tremblement de vos mains.

Et c’est là que notre guerre… commence vraiment. »

Le silence... Puis l’onde de choc...

La base avancée Dargon, perchée sur une crête voisine, réagit dans un tumulte de sirènes d’alerte : trop tard. Le choc fut assourdissant. La coque se disloqua dans un éclair aveuglant, projetant une gerbe de flammes et de gravats sur la cour intérieure de la base. Plusieurs tourelles furent pulvérisées sur le coup. Les survivants Dargon, ensanglantés par le souffle, n’eurent d’autre choix que de reculer, sidérés par l’horreur du spectacle : cadavres humains éventrés, membres arrachés, et, mêlés à ce carnage, des corps kavouri affaissés dans la poussière rouge.

Le choc est apocalyptique. Un dôme de feu monte vers le ciel. Une onde sismique secoue la plaine entière. Une pluie de débris, de membres, de métal. Le vaisseau kamikaze s’est écrasé à pleine vitesse, son contenu libéré dans un chaos absolu. Un charnier vivant.

Et au cœur de ce carnage, les Kavouri survivants se jettent dans un dernier assaut, hurlant, tirant, jusqu'au-boutisme, jusqu’au dernier.

L'onde de l'impacte déchire le sol, soulevant des tourbillons de poussière qui reviennent, comme un châtiment, lécher les visages hagards des survivants. Les soldats Dargon, hébétés, contemplent l’hécatombe : corps disloqués, cadavres et bléssé agonisants, hurlements étouffés par la fureur des vents désertiques. Un tableau où la vie se fait charpie et la mort, funeste enseignante.

Lorsque la poussière se dissipa, les quelques kavouri encore debout se ruèrent parmi les décombres, hurlant leur défi caractéristique. Leurs voix stridentes percent l’air, appellent à l’anéantissement. Chaque coup porté s’inscrit dans une chorégraphie macabre conçue pour briser non seulement la chair, mais la volonté elle-même. Les Dargon, jadis fiers, reculent, dérobés par la terreur. Le vaisseau détruit n’était que le catalyseur : la peur tient désormais en lieu et place et plus rien ne pourra dissiper ce vertige psychologique.

Au crépuscule, lorsque le vacarme se meurt et que la poussière retombe en nappes ouatées, le vrai triomphe des Kavouri apparaît : leur sacrifice n’a pas été vain. Le moindre souffle de vie Dargon est désormais empreint de doutes ; la cohésion des troupes, jadis inébranlable, se fissure sous le poids des visions d’horreur. Les officiers Dargon reconnaissent que ces êtres aux formes étranges, surgis d’un autre monde, n’étaient pas seulement des ennemis : ils ont été des vecteurs de terreur absolue, sublimant la stratégie de guerre en une expérience psychologique sans précédent.

L'acceptation par les Dargon de l'altérité des kavouri a insuffler au unité spécial la peur de l'ennemie. Ce jour-là, la colonie 14402 ne reverra plus jamais son désert de la même manière : chaque ombre, chaque souffle de vent rappelle la courbe noire du vaisseau kamikaze, et dans le silence qui suit, résonne encore l’écho des âmes brisées.