lundi 20 janvier 2025

Pavel soldat Artilleur

 

COLONIE 14402 – ZONE DÉSERTIQUE – DÉBUT DE JOURNÉE

Sous la lumière rougeâtre d’un lever de soleil brumeux, le campement de la 1215e régiment d’artillerie s’éveillait dans un calme tendu. Pavel, debout près de sa batterie de canons autoporteurs, consultait les écrans tactile . Chaque machine semblait un monstre métallique prêt à cracher le feu. Les ordres du commandement venaient d’arriver : une offensive coordonnée devait débuter dans moins d’une heure.

Les doigts agiles de Pavel couraient sur les claviers tactille, attribuant des cibles aux IA des canons. Il était absorbé par sa tâche, la routine habituelle d’un artilleur.

Soudain, un hurlement strident brisa l’air, une fréquence désagréablement aiguë qui fit vibrer le métal des batteries et hérissa les poils sur la nuque de Pavel. Il releva la tête, ses yeux suivant instinctivement la direction du bruit. À l’horizon, une silhouette massive fendait l’air : un vaisseau de débarquement kavouri, ses moteurs poussés à la limite, émettant ce cri mécanique caractéristique de la mort imminente.

Le chaos se déchaîna.

« IMPACT IMMINENT ! ÉVACUEZ LES POSITIONS ! » hurla une voix dans les haut-parleurs de communication. Mais il était déjà trop tard. Le vaisseau kamikaze s’écrasa dans une explosion de métal et de flammes, emportant deux canons autoporteurs et dévastant les lignes arrières. L’onde de choc projeta Pavel au sol, son casque saturé de sons étouffés et de messages d’alerte.

Des Kavouri surgirent des débris, leurs corps insectoïdes couverts d’une carapace chitineuse sombre, leurs cris stridents ajoutant à la cacophonie. Ils se précipitaient comme une vague vivante, submergeant les positions DARGON. Les canons, pourtant automatisés pour réagir à de telles attaques, étaient inutilisables – détruits ou désactivés par la collision.

Pavel se releva péniblement, le souffle court, son armure affichant des signaux de dommage mineur. Il attrapa son arme secondaire, mais la marée de Kavouri était trop dense. Un à un, il vit ses camarades tomber. Des silhouettes familières s’effondraient, déchirées ou brûlées vives.

Dans une tentative désespérée, Pavel tenta de recalibrer l’un des canons encore debout, mais un Kavouri le frappa violemment. Sa vision se brouilla. Tout devint noir.

Retrouvé inconscient plusieurs heures après l’attaque, Pavel était un miracle vivant. il est le seul survivant sur les quinze servant de batterie. C'est un miraculé d'avoir réchappé à l'attaque des Kavouri, réputé pour ne pas laisser derrière eux le moindre survivant. Pourtant, survivre ne lui apporta aucun réconfort. Chaque nuit, les visages de ses camarades morts dansaient devant ses yeux fermés. Leurs cris, leurs expressions figées dans l’horreur… tout cela restait gravé en lui.

Incorporé à une nouvelle unité après sa convalescence, Pavel était une ombre de lui-même. Les autres soldats le considéraient avec méfiance, voire hostilité. Ils murmuraient dans son dos :

« C’est lui, le seul à avoir survécu à une attaque kamikaze Kavouri. »

« Un miraculé ? Non. Un porte-malheur, plutôt. »

Un soir, autour du feu de camp, un soldat plus jeune, Jonas, osa une provocation.

« Hé, la Pétoche, t’es sûr que t’es pas un Kavouri infiltré ? Peut-être que t’as été épargné parce que t’es des leurs ! »

Les rires fusèrent, mais Pavel ne réagit pas. Il resta assis, le regard fixé sur le feu. Après un long silence, il leva les yeux avec la mort dans l’âme se cramponnant a son arme avec un regard froid et effrayant « Laissez-moi tranquille. »

Latitude de Pavel jeta un froid. Même Jonas sembla gêné par sa propre remarque, mais l’étiquette était déjà là. "La Pétoche" s’accrocha à Pavel comme une cicatrice invisible.

Chaque journée était une lutte. Pavel effectuait ses tâches mécaniquement, évitant les regards, les discussions inutiles. Son casque anti-bruit devenait un refuge : il l’activait non pas pour se protéger des bruits de combat, mais pour étouffer les voix des autres.

Seul, tard dans la nuit, il s’asseyait souvent à l’écart du campement, observant les étoiles, une arme à la main. L’idée d’en finir le hantait, mais quelque chose l’en empêchait – un instinct de survie ou peut-être la culpabilité.

casque activé pour réduire les bruits environnants, scrutant les alentours avec un détachement apparent. Mais ses sens, aiguisés par l’habitude de l’attaque surprise, ne manquèrent pas de capter un détail étrange : un scintillement dans l’air, trop régulier pour être naturel.

« Stop ! » cria-t-il brusquement.

Un instant plus tard, une explosion déchira le sol devant lui, envoyant des fragments métalliques dans toutes les directions.

Une embuscade Kavouri.

Les cris éclatèrent, les armes furent dégainées, mais les Kavouri, plus nombreux et embusqués, prirent rapidement l’avantage. L’escouade se dispersa sous la pression. Pavel se retrouva isolé, le cœur battant à tout rompre.

Sa première impulsion fut la fuite. Une petite voix dans sa tête lui répétait que cette bataille était perdue d’avance, que cela ne servait à rien. Mais une autre, plus profonde, plus sombre, résonnait avec la force des souvenirs de son ancienne batterie.

"Pas encore. Pas encore."

Respirant profondément, il désactiva le mode anti-bruit de son casque. Les sons brutaux du combat l’assaillirent, mais cette fois, il les laissa entrer. Il repéra un canon antichar abandonné à proximité, une relique rouillée mais fonctionnelle. Si les Kavouri avançaient davantage, l’unité serait anéantie.

Il rampa sous les tirs ennemis, utilisant son agilité pour se glisser dans les ombres. Parvenu à l’arme, il constata qu’elle nécessitait un calibrage manuel – une tâche qui demandait un sang-froid extrême sous le feu ennemi. Ses doigts tremblèrent une fraction de seconde, mais il se força à se concentrer.

« Juste comme avant », murmura-t-il, le souvenir de ses canons autoporteurs revenant à lui.

Un premier tir partit, fracassant une formation Kavouri. Les créatures, prises de court, hésitèrent. Les tirs de Pavel devinrent plus précis, brisant leur avancée. Ses camarades, voyant un point de ralliement dans cette résistance inattendue, reprirent courage et se regroupèrent autour de lui. La marée Kavouri fut contenue.

Après l’embuscade, une étrange accalmie régnait parmi les survivants de l’unité. Le feu de camp, ce soir-là, ne retentissait pas des habituelles railleries ou discussions bruyantes. Tous étaient encore secoués par la bataille, mais une chose semblait claire : Pavel, surnommé "la Pétoche", n’était plus exactement le même homme à leurs yeux.

Pavel leva les yeux un instant, le regard vide, son fusil a la main le regard noir fusillant du regard ses camarades.

« Je faisais juste ce que j’avais à faire. » avant de retourner à sa tâche.

Les autres soldats échangèrent des regards, surpris par la neutralité de sa réponse. Aucun sarcasme, aucune fausse modestie, juste une vérité simple. Pour la première fois, Pavel semblait faire partie du groupe, même s’il restait en marge.

Ce moment peut marquer un tournant pour Pavel, où il commence doucement à accepter sa place dans le groupe, même si son chemin vers la guérison sera encore long.