Colonie 14402 - Base retranché DARGON- l'Aube
De sa salle de commandement aux murs de béton dans le froid mordant de l'aube, alors que l'obscurité laisse lentement place à une lumière blafarde. La carte holographique, toujours allumée, projette en relief les contours de la colonie 14402. Le Commandant Nikolaï Séménov se tient à nouveau devant sa carte d’état-major. La tension accumulée durant la nuit se transforme en un silence pesant, comme si le monde retenait son souffle avant le chaos imminent.
La pièce est devenue le théâtre d’une méditation guerrière, où les ombres du passé se mêlent aux échos des combats futurs. Son regard, habituellement impassible, trahit quelques fissures, comme les cicatrices d’un homme marqué par la violence de la guerre.
« Chaque minute perdue est une vie qui s’éteint, » pense-t-il en passant sa main gantée sur la surface glacée de la table.
La boucherie de la colonie 33685.
Assis seul, le commandant ferme les yeux. Il revoit les scènes de la colonie 33685, un film en noir et blanc où la brutalité de la guerre se mêle à l’horreur de la perte. Nikolaï semenov le sauveur, le fin stratège des pires situation. A gagner ses gallons sur la colonie 33685 une des pire boucherie qui soi.
Il se remémore le cri étouffé d’un jeune insurgé, la rapidité d’une détonation, le dernier regard d’un soldat qui osait défier le destin. Il se remémore la bataille sanglante de la colonie 33685, l’horreur des visages juvéniles, l’innocence fauchée sous le fracas des détonations.
La douleur et la détermination se livrent un combat silencieux dans son esprit.
Ce jour là les DARGON débarquèrent sous ses ordres, porteurs de mort et d’ordre. La colonie 33685 a fait acte de sécession et s'est soulevée contre l’Empire. Il faut l’écraser, le mot d'ordre , aucun prisonnier, aucune clémence. Certains jetant les armes, mains levées, le regard oblique de suspicion et d’effroi. Mais cela n’a pas changé leur sort. Des garçons qui n’avaient pas vingt ans, des miliciens improvisés. Hagards, les yeux voilés de terreur, ils se rendent, espérant une clémence qui ne viendra jamais. Par nué les soldat rebelle c'est dissident se sont fait massacré. Les exécutions sommaires deviennent la norme. Sémenov se tourne vers une photo encadrée sur son bureau, montrant des soldats Dargon posant devant un charnier, trophées macabres de leur victoire écrasante.
Nikolaï Séménov incarne la guerre sous sa forme la plus brutale. Vétéran des pires conflits, il a forgé sa légende au milieu des cendres et du sang, gagnant ses galons dans des batailles où seul le carnage tranchait entre les vainqueurs et les disparus. Aujourd'hui, commandant des unités DARGON, il est celui que l'on envoie quand la mission ne tolère aucun échec. Les forces DARGON furent déployées sous le commandement de Séménov. Son ordre était sans ambiguïté : "Aucun prisonnier." sa clémence n'était pas dans l'équation. L'assaut fut d'une efficacité glaçante. Des exécutions sommaires balayèrent toute velléité de résistance. Les corps s'empilèrent, les soldats DARGON prenaient des photos devant les charniers, trophées d'une victoire sans gloire.
Stratège implacable, un homme qui a payé dans le sang le prix de l’immortalité.
Son nom gravé dans l’histoire des DARGON à la pointe d’une baïonnette souillée de sang.
— Ils me détestent, pensa-t-il, un sourire amer se dessinant sur ses lèvres. Mais ils me respectent. Et c'est tout ce qui compte. La sympathie n'a jamais gagné de guerre. Seule la force et la détermination mènent à la victoire.
Séménov ne cherche ni l'admiration ni l'amitié de ses troupes. Il ne cultive que l'efficacité militaire. Son autorité repose sur une compétence indiscutable et une stratégie infaillible.
Le Commandant Nikolaï Séménov n’est pas un homme que l’on admire. Il n’inspire ni affection ni loyauté aveugle, seulement une discipline implacable et un respect teinté de crainte. La clémence ? Un mot creux, un concept inutile. Seuls ceux qui acceptent la mort pour la grandeur de l’Empire en deviendront immortels. Peu lui importe le nombre de cadavres jonchant son chemin, tant que la mission est une réussite totale.
— Ils m'appellent le Boucher, pensa-t-il, son regard se durcissant. Mais ils oublient que c'est grâce à moi que l'empire tient encore debout. Les pertes humaines sont regrettables, mais nécessaires. L'objectif prime avant tout.— La clémence est un luxe que nous ne pouvons pas nous permettre, se dit-il. La victoire, à n'importe quel prix, voilà ce qui compte. Et je suis prêt à payer ce prix, quel qu'il soit. Séménov ne cherche ni l'admiration ni l'affection de ses hommes. Il n'a jamais été un chef bienveillant, encore moins un mentor. Mais il est respecté. Sous son commandement, les unités DARGON accomplissent l'impossible, survivant là où d'autres seraient tombés. Pourtant, être sous ses ordres, c'est voir son espérance de vie fondre comme neige au soleil. Il pousse ses soldats au-delà de leurs limites, les forge dans la douleur et le sacrifice.
Mais ces souvenirs ne sont pas là pour le hanter, ils sont la forge de sa détermination.
Un officier expérimenté, le Major Viktor, entre silencieusement dans la pièce. Le Major, dont les traits fatigués cachent une âme aussi endurcie que celle de son commandant, interrompt ce recueillement par un chuchotement presque respectueux :
— Commandant, les unités de reconnaissance confirment la présence d’un détachement ennemi sur le flanc est. Ils semblent préparer une embuscade.
Séménov lève les yeux, capturant en temps réel les mouvements lointains sur l’écran holographique. D’un geste mesuré, il trace du doigt la zone suspecte.
— Major Viktor, réplique-t-il d’une voix tranchante :
— Prévenez immédiatement le Capitaine Dmitriev. Qu’il organise une patrouille de contre-espionnage. Nous ne pouvons tolérer la moindre surprise.
Le Major acquiesce, ses yeux brillant d’une lueur de crainte mêlée de respect. Tandis qu’il s’éloigne, Séménov se laisse aller à un nouveau monologue intérieur, une confession silencieuse dont seul le froid de la pièce est témoin :
« Pourquoi ce fardeau incessant ? Chaque ordre, chaque exécution... je suis condamné à devenir ce monstre que l’on murmure dans les couloirs. Mais l’immortalité de l’empire ne saurait être bâtie sur des hésitations. Je suis le bouclier contre la faiblesse, le fer qui forge le destin de nos troupes. »
Un léger grincement dans le couloir interrompt ses pensées. C’est le Capitaine Dmitriev, un jeune officier dont l’ardeur se heurte à la rudesse de l’expérience de son supérieur.
— Commandant, demande le Capitaine d’une voix hésitante, « si nous devons affronter une embuscade, ne risquons-nous pas de perdre des hommes que nous avons déjà tant sacrifiés ? »
Le visage de Séménov se durcit, et dans un regard qui ne laisse aucune place à la contradiction, il répond avec une autorité implacable :
— Capitaine, répète-t-il en insistant sur chaque mot, « le sacrifice est la seule voie vers la victoire. Les lâcheurs ne seront jamais des vainqueurs. Ceux qui ne se battent pas jusqu’au bout n’ont rien à offrir à l’immortalité de l’empire. »
Le silence qui suit est lourd, chargé de l’inéluctable destin de ceux qui osent défier l’ordre. Les mots du commandant, semblables à des sentence gravées dans le fer, s’enfoncent dans l’âme du jeune capitaine.
Pendant quelques instants, le Capitaine Dmitriev observe Séménov, cherchant dans ses yeux une étincelle d’humanité, une lueur de compassion. Mais il ne trouve que la froide détermination d’un homme habitué à naviguer entre les ténèbres et la lumière éphémère de la gloire guerrière.
— Commandant, murmure-t-il enfin, presque dans un souffle, « et si nous pouvions éviter plus de pertes ? Ne pourrait-on pas trouver une autre voie ? »
Séménov se redresse lentement, son regard se perdant dans l’horizon invisible d’un avenir incertain. Il répond, sa voix se faisant l’écho d’un destin inévitable :
— Il n’y a pas de voie sans sacrifice, Capitaine. La clémence ne nourrit que les faibles, et l’histoire ne retiendra jamais le nom de ceux qui ont tremblé devant l’adversité.
Les minutes s’étirent alors que l’orage de la bataille se prépare. Dans le cœur de Séménov, le conflit intérieur fait rage : le poids de ses ordres, le souvenir des vies perdues, et la nécessité implacable de la victoire. Il se remémore alors un instant, dans un flash de souvenir, le visage d’un soldat qu’il avait autrefois épargné – une erreur, disait-il, qui avait coûté bien plus qu’un simple acte de pitié.
« Je ne peux me permettre le luxe d’une faiblesse, » se répète-t-il intérieurement, son regard se durcissant à mesure que la lumière se renforce. « L’empire exige le sang des vaillants. »
Tandis que les préparatifs battent leur plein et que l’odeur âcre de la peur commence à envahir la salle de commandement, Séménov Nikolaï prononce, d’une voix qui résonne comme un ultime serment :
— À l’aube, nous frapperons avec la précision d’un éclair. Que chaque homme se souvienne : vaincre ou mourir, telle est la loi. Aucune hésitation ne sera tolérée, aucune vie sacrifiée en vain. Préparez-vous, car l’immortalité de l’empire est en jeu.
Les officiers se dispersent, laissant Séménov seul avec ses pensées. Dans le calme relatif de ce moment suspendu, il contemple une dernière fois l’horizon incertain, conscient que, malgré l’ombre qui plane sur son âme, le destin de l’empire se jouera dans la fureur du combat.
« La guerre est ma destinée, et l’immortalité de l’empire mon ultime quête, » pense-t-il, alors que le premier rayon de soleil perce timidement à travers les interstices de la pièce, annonçant le début d’un nouveau chapitre sanglant.
L'immortalité de l'Empire prime sur toute considération humaine. Sous ses ordres, l'espérance de vie chute radicalement. Il le sait. Ses hommes le savent. Certains sombrent dans la folie, d'autres dans le suicide. Mais tant qu'il reste des soldats à envoyer au combat, la machine de guerre continuera d'avancer.
Pour certains, mourir au combat aurait été une bénédiction. Ceux qui sont revenus n’ont ramené avec eux que l’ombre de leur propre humanité.
L'assaut de la colonie 14402 sera un nouveau chapitre dans son histoire de sang et de fer. Encore une fois, ses stratégies impitoyables briseront l'ennemi. Encore une fois, il mènera ses troupes dans un bain de sang où seuls les plus forts survivront. Encore une fois, la victoire aura un goût amer.
« Dans chaque combat, je retrouve le visage de ceux que j’ai perdus, la douleur et la rage qui m’animent. Je suis le gardien d’un ordre brutal, le dernier rempart contre la faiblesse de l’âme humaine. Ceux qui tremblent devant l’obscurité, qui fuient la vérité du combat, ne sont que des ombres destinées à disparaître. L’immortalité de l’empire se construit sur l’abnégation et le sacrifice. »
Les lâcheur ne seront jamais des vainqueurs...