samedi 15 mars 2025

Commandant Séménov Nikolaï.


Colonie 14402 - Base retranché DARGON- l'Aube

De sa salle de commandement aux murs de béton dans le froid mordant de l'aube, alors que l'obscurité laisse lentement place à une lumière blafarde. La carte holographique, toujours allumée, projette en relief les contours de la colonie 14402. Le Commandant Nikolaï Séménov se tient à nouveau devant sa carte d’état-major. La tension accumulée durant la nuit se transforme en un silence pesant, comme si le monde retenait son souffle avant le chaos imminent.

La pièce est devenue le théâtre d’une méditation guerrière, où les ombres du passé se mêlent aux échos des combats futurs. Son regard, habituellement impassible, trahit quelques fissures, comme les cicatrices d’un homme marqué par la violence de la guerre.

« Chaque minute perdue est une vie qui s’éteint, » pense-t-il en passant sa main gantée sur la surface glacée de la table.

La boucherie de la colonie 33685.

Assis seul, le commandant ferme les yeux. Il revoit les scènes de la colonie 33685, un film en noir et blanc où la brutalité de la guerre se mêle à l’horreur de la perte. Nikolaï semenov le sauveur, le fin stratège des pires situation. A gagner ses gallons sur la colonie 33685 une des pire boucherie qui soi.

Il se remémore le cri étouffé d’un jeune insurgé, la rapidité d’une détonation, le dernier regard d’un soldat qui osait défier le destin. Il se remémore la bataille sanglante de la colonie 33685, l’horreur des visages juvéniles, l’innocence fauchée sous le fracas des détonations.

La douleur et la détermination se livrent un combat silencieux dans son esprit.

Ce jour là les DARGON débarquèrent sous ses ordres, porteurs de mort et d’ordre. La colonie 33685 a fait acte de sécession et s'est soulevée contre l’Empire. Il faut l’écraser, le mot d'ordre , aucun prisonnier, aucune clémence. Certains jetant les armes, mains levées, le regard oblique de suspicion et d’effroi. Mais cela n’a pas changé leur sort. Des garçons qui n’avaient pas vingt ans, des miliciens improvisés. Hagards, les yeux voilés de terreur, ils se rendent, espérant une clémence qui ne viendra jamais. Par nué les soldat rebelle c'est dissident se sont fait massacré. Les exécutions sommaires deviennent la norme. Sémenov se tourne vers une photo encadrée sur son bureau, montrant des soldats Dargon posant devant un charnier, trophées macabres de leur victoire écrasante.

Nikolaï Séménov incarne la guerre sous sa forme la plus brutale. Vétéran des pires conflits, il a forgé sa légende au milieu des cendres et du sang, gagnant ses galons dans des batailles où seul le carnage tranchait entre les vainqueurs et les disparus. Aujourd'hui, commandant des unités DARGON, il est celui que l'on envoie quand la mission ne tolère aucun échec. Les forces DARGON furent déployées sous le commandement de Séménov. Son ordre était sans ambiguïté : "Aucun prisonnier." sa clémence n'était pas dans l'équation. L'assaut fut d'une efficacité glaçante. Des exécutions sommaires balayèrent toute velléité de résistance. Les corps s'empilèrent, les soldats DARGON prenaient des photos devant les charniers, trophées d'une victoire sans gloire.

Stratège implacable, un homme qui a payé dans le sang le prix de l’immortalité.

Son nom gravé dans l’histoire des DARGON à la pointe d’une baïonnette souillée de sang.

— Ils me détestent, pensa-t-il, un sourire amer se dessinant sur ses lèvres. Mais ils me respectent. Et c'est tout ce qui compte. La sympathie n'a jamais gagné de guerre. Seule la force et la détermination mènent à la victoire.

Séménov ne cherche ni l'admiration ni l'amitié de ses troupes. Il ne cultive que l'efficacité militaire. Son autorité repose sur une compétence indiscutable et une stratégie infaillible.

Le Commandant Nikolaï Séménov n’est pas un homme que l’on admire. Il n’inspire ni affection ni loyauté aveugle, seulement une discipline implacable et un respect teinté de crainte. La clémence ? Un mot creux, un concept inutile. Seuls ceux qui acceptent la mort pour la grandeur de l’Empire en deviendront immortels. Peu lui importe le nombre de cadavres jonchant son chemin, tant que la mission est une réussite totale.

— Ils m'appellent le Boucher, pensa-t-il, son regard se durcissant. Mais ils oublient que c'est grâce à moi que l'empire tient encore debout. Les pertes humaines sont regrettables, mais nécessaires. L'objectif prime avant tout.— La clémence est un luxe que nous ne pouvons pas nous permettre, se dit-il. La victoire, à n'importe quel prix, voilà ce qui compte. Et je suis prêt à payer ce prix, quel qu'il soit. Séménov ne cherche ni l'admiration ni l'affection de ses hommes. Il n'a jamais été un chef bienveillant, encore moins un mentor. Mais il est respecté. Sous son commandement, les unités DARGON accomplissent l'impossible, survivant là où d'autres seraient tombés. Pourtant, être sous ses ordres, c'est voir son espérance de vie fondre comme neige au soleil. Il pousse ses soldats au-delà de leurs limites, les forge dans la douleur et le sacrifice.

Mais ces souvenirs ne sont pas là pour le hanter, ils sont la forge de sa détermination.

Un officier expérimenté, le Major Viktor, entre silencieusement dans la pièce. Le Major, dont les traits fatigués cachent une âme aussi endurcie que celle de son commandant, interrompt ce recueillement par un chuchotement presque respectueux :

— Commandant, les unités de reconnaissance confirment la présence d’un détachement ennemi sur le flanc est. Ils semblent préparer une embuscade.

Séménov lève les yeux, capturant en temps réel les mouvements lointains sur l’écran holographique. D’un geste mesuré, il trace du doigt la zone suspecte.

— Major Viktor, réplique-t-il d’une voix tranchante :

— Prévenez immédiatement le Capitaine Dmitriev. Qu’il organise une patrouille de contre-espionnage. Nous ne pouvons tolérer la moindre surprise.

Le Major acquiesce, ses yeux brillant d’une lueur de crainte mêlée de respect. Tandis qu’il s’éloigne, Séménov se laisse aller à un nouveau monologue intérieur, une confession silencieuse dont seul le froid de la pièce est témoin :

« Pourquoi ce fardeau incessant ? Chaque ordre, chaque exécution... je suis condamné à devenir ce monstre que l’on murmure dans les couloirs. Mais l’immortalité de l’empire ne saurait être bâtie sur des hésitations. Je suis le bouclier contre la faiblesse, le fer qui forge le destin de nos troupes. »

Un léger grincement dans le couloir interrompt ses pensées. C’est le Capitaine Dmitriev, un jeune officier dont l’ardeur se heurte à la rudesse de l’expérience de son supérieur.

— Commandant, demande le Capitaine d’une voix hésitante, « si nous devons affronter une embuscade, ne risquons-nous pas de perdre des hommes que nous avons déjà tant sacrifiés ? »

Le visage de Séménov se durcit, et dans un regard qui ne laisse aucune place à la contradiction, il répond avec une autorité implacable :

— Capitaine, répète-t-il en insistant sur chaque mot, « le sacrifice est la seule voie vers la victoire. Les lâcheurs ne seront jamais des vainqueurs. Ceux qui ne se battent pas jusqu’au bout n’ont rien à offrir à l’immortalité de l’empire. »

Le silence qui suit est lourd, chargé de l’inéluctable destin de ceux qui osent défier l’ordre. Les mots du commandant, semblables à des sentence gravées dans le fer, s’enfoncent dans l’âme du jeune capitaine.

Pendant quelques instants, le Capitaine Dmitriev observe Séménov, cherchant dans ses yeux une étincelle d’humanité, une lueur de compassion. Mais il ne trouve que la froide détermination d’un homme habitué à naviguer entre les ténèbres et la lumière éphémère de la gloire guerrière.

— Commandant, murmure-t-il enfin, presque dans un souffle, « et si nous pouvions éviter plus de pertes ? Ne pourrait-on pas trouver une autre voie ? »

Séménov se redresse lentement, son regard se perdant dans l’horizon invisible d’un avenir incertain. Il répond, sa voix se faisant l’écho d’un destin inévitable :

— Il n’y a pas de voie sans sacrifice, Capitaine. La clémence ne nourrit que les faibles, et l’histoire ne retiendra jamais le nom de ceux qui ont tremblé devant l’adversité.

Les minutes s’étirent alors que l’orage de la bataille se prépare. Dans le cœur de Séménov, le conflit intérieur fait rage : le poids de ses ordres, le souvenir des vies perdues, et la nécessité implacable de la victoire. Il se remémore alors un instant, dans un flash de souvenir, le visage d’un soldat qu’il avait autrefois épargné – une erreur, disait-il, qui avait coûté bien plus qu’un simple acte de pitié.

« Je ne peux me permettre le luxe d’une faiblesse, » se répète-t-il intérieurement, son regard se durcissant à mesure que la lumière se renforce. « L’empire exige le sang des vaillants. »

Tandis que les préparatifs battent leur plein et que l’odeur âcre de la peur commence à envahir la salle de commandement, Séménov Nikolaï prononce, d’une voix qui résonne comme un ultime serment :

— À l’aube, nous frapperons avec la précision d’un éclair. Que chaque homme se souvienne : vaincre ou mourir, telle est la loi. Aucune hésitation ne sera tolérée, aucune vie sacrifiée en vain. Préparez-vous, car l’immortalité de l’empire est en jeu.

Les officiers se dispersent, laissant Séménov seul avec ses pensées. Dans le calme relatif de ce moment suspendu, il contemple une dernière fois l’horizon incertain, conscient que, malgré l’ombre qui plane sur son âme, le destin de l’empire se jouera dans la fureur du combat.

« La guerre est ma destinée, et l’immortalité de l’empire mon ultime quête, » pense-t-il, alors que le premier rayon de soleil perce timidement à travers les interstices de la pièce, annonçant le début d’un nouveau chapitre sanglant.

L'immortalité de l'Empire prime sur toute considération humaine. Sous ses ordres, l'espérance de vie chute radicalement. Il le sait. Ses hommes le savent. Certains sombrent dans la folie, d'autres dans le suicide. Mais tant qu'il reste des soldats à envoyer au combat, la machine de guerre continuera d'avancer.

Pour certains, mourir au combat aurait été une bénédiction. Ceux qui sont revenus n’ont ramené avec eux que l’ombre de leur propre humanité.

L'assaut de la colonie 14402 sera un nouveau chapitre dans son histoire de sang et de fer. Encore une fois, ses stratégies impitoyables briseront l'ennemi. Encore une fois, il mènera ses troupes dans un bain de sang où seuls les plus forts survivront. Encore une fois, la victoire aura un goût amer.

« Dans chaque combat, je retrouve le visage de ceux que j’ai perdus, la douleur et la rage qui m’animent. Je suis le gardien d’un ordre brutal, le dernier rempart contre la faiblesse de l’âme humaine. Ceux qui tremblent devant l’obscurité, qui fuient la vérité du combat, ne sont que des ombres destinées à disparaître. L’immortalité de l’empire se construit sur l’abnégation et le sacrifice. »

Les lâcheur ne seront jamais des vainqueurs...

samedi 1 mars 2025

Severo commandant en second



COLONIE 14402 – ZONE DES PLEINES BOUEUSE DÉBUT D'APRÈS-MIDI

SEVERO – LE COMMANDANT SANS GLOIRE.

Un homme né pour la guerre… Severo s’observe dans le miroir de sa cabine spartiate. Sur sont armure son grade d' officier de commandant en second brille sur son plastron. Il ajuste son armure avec soin. Le reflet devant lui n’est pas celui d’un simple officier… c’est celui d’un futur héros. Un futur commandant respecté, peut-être même un jour, un général. Qui sait ?

Regarde-toi, Severo. Regarde-toi bien. Tu n’es plus ce gamin rêveur, ce fils de rien qui s’imaginait officier en lisant des récits de guerre sous une lampe. Tu l’as fait. Tu es là, en uniforme, avec un grade, avec du pouvoir. Ceux qui t’ont méprisé, ils sont restés sur leur planète minable à crever dans la lie de la société. Toi, tu es un Officier DARGON.

Et pourtant… pourquoi ? Pourquoi je n’ai pas ce regard ? Ce regard que Séménov notre commandant a quand il parle, quand il marche, quand il ordonne. Ce regard que les soldats respectent, que les ennemis craignent. Moi, ils ne me regardent pas comme ça. Moi, ils baissent les yeux, ils ricanent derrière mon dos. Comme s’ils savaient quelque chose que j’ignore…

Ils ne savent rien !

SEVERO (à voix basse, se redressant devant le miroir)

_"La guerre, c’est le pied."_

Ils comprendront bientôt. Je vais leur montrer. Une victoire… Une vraie. Une victoire où mon nom sera cité. Où l’on dira : "Ce jour-là, c’est Severo qui nous a menés."

Depuis son adolescence, Severo s’est forgé un rêve unique et inébranlable : devenir un officier respecté au sein des unités DARGON, ces forces spéciales redoutées aux confins des colonies humaines. Ce n’est pas qu’une carrière qu’il ambitionne, c’est une destinée. Il veut son nom gravé dans l’Histoire militaire, il veut être un héros de guerre dont les exploits seront racontés des décennies après sa mort.

Mais voilà, entre le rêve et la réalité, il y a un gouffre. Et Severo ne le franchira jamais.

Si il est l’homme du zèle, il manque cruellement de talent. Il n’est ni un combattant exceptionnel, ni un tacticien hors pair. Il n’est ni respecté, ni craint. Il n’inspire rien à son escouade, si ce n’est du mépris.

Severo n’a qu’une seule arme pour asseoir son autorité : son grade. Et un seul bouclier pour masquer ses lacunes : le sarcasme.

Un leader méprisé.

Dans l’escouade, Severo est une plaie. Son regard, toujours hautain, est celui d’un homme qui se pense supérieur. Il houspille, donne des ordres inutiles, critique sans cesse et surtout, il flatte sans vergogne son supérieur, le commandant Nikolaï Séménov. Il n’est pas aimé, et il le sait. Mais cela lui importe peu.

Au fond, il les méprise tous autant qu’ils le méprisent.

Les soldats de son unité, ces vétérans couverts de cicatrices et d’histoires de batailles, il les jalouse secrètement. Il envie leurs faits d’armes, leur expérience, leur fraternité tacite. Il aurait aimé être comme eux, être admiré comme eux. Mais il ne l’est pas. Il ne le sera jamais. Et cela le ronge.

Alors, Severo compense. Il compense par des ordres inutiles, par un ton condescendant, par des piques venimeuses. Il rend la vie infernale à son escouade, non pas par stratégie ou discipline, mais par pure frustration. Il sait que ces hommes ne l’admireront jamais, alors il s’arrange pour qu’ils le craignent ou le haïssent. Une rage, un feux intérieur, une jalousie maladive, qui a pour seul conséquence de mener la vie dure a ses soldats.

Mieux vaut être détesté qu’ignoré.

La mission de la honte

Sur la colonie 14402, la zone 2123A n’est qu’un bourbier inhospitalier. De vastes plaines boueuses où la pluie tombe en continu, où l’horizon n’offre que désolation et pièges naturels. Ce n’est pas une mission de prestige. Ce n’est qu’une affectation ingrate, une mission de routine pour sécuriser un secteur sans valeur stratégique immédiate.

Mais Severo ne voit pas les choses ainsi.

Pour lui, c’est une opportunité. S’il peut obtenir une victoire ici, un exploit, un coup d’éclat, alors son nom remontera peut-être jusqu’aux instances supérieures. Un officier qui se distingue sur un terrain difficile, c’est un officier qui monte en grade. Il sait que Séménov, son supérieur, garde un œil sur lui. Il sait que c’est maintenant qu’il doit briller.

Alors, il ordonne un assaut brutal, frontal.

Severo est debout devant ses hommes, un datapad à la main, lisant les détails de la mission tout en mâchouillant un cure-dent. L’atmosphère est lourde. Personne ne le respecte ici. Il le sent, il le sait. Mais peu importe.

Les Kavouri les attendaient.

C’était un piège évident. Un officier plus aguerri l’aurait vu, aurait senti l’embuscade, aurait compris que l’ennemi avait l’avantage du terrain. Se fut le cas, il le savait, mais Severo n'en n'avais cure, lui, n’écoute que son ambition.

Les soldats obéissent la boue suinte sous leurs pas, mais ils avancent avec une lourdeur inhabituelle, sans la fougue d’un assaut bien préparé. Ils savent. Ils sentent que quelque chose cloche.

Et puis tout explose.

Les tirs fusent. Les Kavouri jaillissent des cratères boueux comme des ombres macabres. Les premières lignes sont fauchées instantanément. Les DARGON, pourtant l’élite, sont réduits à l’état de proies piégées.

Severo reste en arrière, son arme à la main, mais il ne tire pas. Il ne charge pas en tête. Il observe, figé. Léger rictus tord ses lèvres, il comprend trop tard.

Le massacre est immédiat. Ses soldats tombent par dizaines, la boue se gorge de sang.. Certains essaient de riposter, d’autres cherchent une couverture inexistante. Les Kavouri rient en vidant leurs chargeurs sur eux, moquant leur naïveté.

– UNE RETRAITE INFÂME

Ils ont fui. Il n’a pas donné l’ordre, mais ils ont fui. Comme des chiens battus, sous les rires des Kavouri.

Il voulait une victoire franche, ce fut une boucherie dans la débâcle dans la honte et la sédition.

Lorsque la retraite est enfin sonnée, il ne reste que des lambeaux de son escouade. Ils fuient, le regard vide, la boue et le sang collés à leurs visages. Les survivants fuient, piétinant leurs camarades.

– LA HAINE, L’ISOLEMENT, LA DESCENTE AUX ENFERS.

_Quelques jours après, à la base_

Severo marche seul. Personne ne l’adresse plus la parole. Il n’est plus qu’une ombre. Une honte ambulante. Des soldats changent de couloir pour l’éviter. Certains le regardent avec mépris, d’autres avec un rictus de haine à peine contenu.

Et alors ? Qu’ils me haïssent. Qu’ils m’ignorent. Ils ne sont rien. Des pions sans ambition.

SEVERO (pensées, s’accrochant à son ego défaillant)

"Ils ne comprennent pas ce que signifie être un officier. Être un leader, c’est savoir faire des sacrifices. Ils ne voient que les morts… Moi, je vois la guerre. Et la guerre… c’est le pied."

Ils comprennent. Ils ont compris dès le début qu’ils étaient envoyés au casse-pipe par un incompétent. Ils savaient que cette attaque ne valait rien. Mais ils ont suivi les ordres.

Et maintenant, ils savent que leurs camarades sont morts pour l'ambition d'un seul homme.

Plus tard, dans la base, personne ne parle à Severo. Plus un regard, plus un mot. Même les plus respectueux de la hiérarchie baissent les yeux lorsqu’il passe, comme si son existence même était une insulte à l’uniforme.

Certains parlent de mutinerie. D’autres envisagent même de le descendre lors d’une prochaine mission.

Mais Severo… Severo ne comprend pas.

Il ne comprend pas pourquoi on le déteste tant. Après tout, il a juste suivi son instinct d’officier. Il a voulu mener ses hommes à la victoire, non ?

Ce n’est pas sa faute.

C’est leur faute, ils n’étaient pas assez bons.

Ils n’étaient pas assez forts.

Lui, Severo, reste convaincu qu’il aurait pu être un héros ce jour-là.

S’ils n’avaient pas échoué.

S’ils n’avaient pas été faibles.

Mais ils ont tort. Parce que moi…

_"Moi, je suis un officier DARGON."_

Et la guerre…

_"La guerre, c’est le pied."_

Mais dans l’ombre, ses hommes attendent une opportunité, une seule.

La prochaine mission pourrait bien être la dernière pour Severo… et pas à cause des Kavouri. Mais dans l’ombre, l’escouade attend sa vengeance. Un jour, une mission, une balle perdue… et Severo ne sera plus qu’un mauvais souvenir. Mais dans l’ombre, les hommes attendent leur revanche. Severo ne le sait pas encore… mais sa guerre à lui est déjà terminée.

lundi 17 février 2025

Melvine pilote de char.

 


COLONIE 14402 – ZONE DES FALAISES – MILIEUX DE L'APRÈS-MIDI

Le Dernier Soupir de Darling

Melvine n’a jamais été qu’un simple soldat. Enfin, sur le papier, oui. Pilote de char, grade modeste, un rouage parmi tant d’autres dans la grande machine DARGON.

Son franc-parler lui valait souvent une réputation de rigolo de service, un rôle qu’il acceptait sans jamais vraiment le contester. Pourtant, derrière cette façade bruyante se cachait un pilote d’exception, peut-être même le meilleur des unités DARGON, et il le savait.

Mais ce que tout le monde voyait, c'était son humour acide, son stress masqué sous des plaisanteries, et sa grande gueule qui lui valait une réputation difficile à secouer. "Suis un grand garçon", répétait-il souvent, comme une incantation contre la peur.

Mais dans l’escouade, il est surtout connu pour être une grande gueule. Le type qui parle trop, qui balance des vannes même quand il ne faudrait pas, qui fait mine de ne jamais rien prendre au sérieux. Que son humour est une armure rouillée qui grince à chaque phrase.

Lui, il dit que c’est une stratégie de survie.

Les autres, ils disent que c’est un moyen de compenser la trouille.

Son équipage ? Un trio improbable, mais redoutable.

Berny, le chef de char, un flegmatique à l’air imperturbable, dont la voix monocorde ne sert qu’à donner des ordres précis et toujours à bon escient. Son calme contraste avec la fébrilité de Yégor, l’opérateur en tourelle, un sanguin dont l’impatience se mesure à l’ardeur qu’il met à vouloir presser la détente du canon, un impatient qui rêvait plus de faire feu que de respirer. Entre eux, Melvine, moteur humain de leur machine de guerre, un pilote qui parle trop, plaisante trop, pour éviter de trop penser.

Quant à Melvine, il avait une relation bien plus profonde avec leur char d’assaut. Lui bien au contraire il surnomma son char affectueusement du doux surnom de Darling. Il la bichonne, lui parle presque, et passe une main tendre sur son blindage comme d’autres caresseraient une amante. Ce n'était pas juste une machine pour lui, mais une compagne d'acier, la seule à qui il pouvait confier ses angoisses sans risquer de se faire juger. Alors oui, il lui parlait. Oui, il la caressait affectueusement. Et non, il ne l’embrassait pas, il avait quand même sa dignité.

Ses coéquipiers le raillent, ne comprenant pas cet attachement.

Pour eux, un char n'était qu'un amas de métal, une boîte roulante à faire exploser ou se faire exploser. Si ses coéquipiers se moquaient souvent de l’affection qu’il portait à son char, Melvine n’en avait cure.

Mais ce jour là tout bascula pour Melvine est son char Darling.

L’ordre d’attaquer tomba. Aucun mot ne fut échangé, juste un regard entre les membres de l’équipage avant qu’ils ne se précipitent en courant vers leur char. Une chorégraphie rodée, mécanique, fusionnelle. Se faufilant a l’intérieur comme un seul homme, refermant derrière eux la porte d’acier qui les séparait du reste du monde.

Dans un char la claustrophobie vous étouffe chaque jour un peu plus.

Melvine, aux commandes, sent la cage d’acier se refermer autour de lui. La claustrophobie devient un monstre rampant, tapi dans l’ombre de la carlingue. Mais il sait la dompter. Il doit la dompter.

Le claustrophobe n’a pas sa place dans un char. Enfermé dans cette carcasse d’acier, on sent l’air se raréfier, le monde se réduire à un espace exigu où la peur ronge lentement l’âme. Chaque secousse, chaque explosion résonne dans la cage métallique, amplifiée comme un cri lointain d’agonie.

Darling s'élance, traînant derrière lui un panache de poussière et puis la guerre a repris ses droits.

Devant eux, une forme insectoïde figée, un véhicule de reconnaissance kavouri, figé tel un insecte surpris sous la semelle d’une botte. La menace pivota pour ouvrir le feu, mais il était déjà trop tard. Pas le temps pour une belle manœuvre, pas le luxe d’un tir précis. Le canon de Darling ne pouvait pas tirer à cette distance, alors il ne restait qu’une option : le percuter. Les Kavouri, n’avaient rien d’humain. Leur approche brutale du combat avaient coûté cher aux unité DARGON.

Le véhicule ennemi pivota pour tirer une salve.

__ "Contact ennemi !" hurle Berny

— Yégor en armant son canon, on est trop proches pour tirer !

Pas le temps d’aligner un tir. L’ennemi pivote, sa tourelle s’ajuste, l’instant se fige.

Les secondes s’étirent comme un cauchemar suspendu.

Trop tard. Pas le temps d’ajuster le canon. Une seule solution : l’impact.

Berny hurla l’ordre « Harponnage ! ».

Instinctivement Melvine obéit sans réfléchir, il sentit une sueur froide lui glisser dans le dos.

— Marmonnant « Je suis un grand garçon » Melvine hurla « Accrochez-vous » .

Une tactique suicidaire, une méthode de désespéré.

Le choc fut violent.

Pédale d’accélération à fond. Darling rugit, ses chenilles crissent, le blindé se jette vers l’avant. Impact imminent. Le char s’est jeté sur sa proie comme un fauve mécanique enragé. L’équipage s’agrippe. Le choc est titanesque. Le véhicule Kavouri est fauché de plein fouet. Projeté, il vrilla dans les airs avant de s’écraser, disloqué, dans un bruit de métal broyé.

Mais la victoire fut amère. L’essieu du char venait de céder sous la violence du coup. Darling agonisait. Un crissement d’acier, semblable à un cri de douleur mécanique, résonna alors que le char traînait son poids meurtri vers le bord d’une falaise. 

L’essieu fracturé, l’acier gémissant sous la souffrance, le char n’était plus qu’un mourant rampant vers l’abîme. Une carcasse blessée qui traînait ses entrailles métalliques jusqu’à la falaise, comme si elle voulait choisir elle-même sa tombe. Melvine ne pouvait rien faire, il tentait de le retenir, mais rien n’y faisait. La carcasse de Darling était à bout de souffle...

À l’intérieur, Berny et Yégor étaient immobiles. Le silence pesant qui régnait dans la cabine était plus assourdissant que n’importe quelle explosion. Il cria leurs noms. Aucune réponse.

Elle se traîne, pantelante, vers la falaise.

Puis, dans un dernier râle métallique, Darling bascula dans le vide.

Il sentit la gravité l’attirer vers l’abîme et comprit que c’était la fin. Il arracha son harnais et se jeta hors du cockpit au dernier moment.

Il s’extirpa in extremis de l’habitacle, sentant la carcasse blindée frémir sous ses mains. Il voulait rester, mais il savait qu’il ne pouvait pas.

Derrière lui, Darling, fidèle jusqu’au bout, glissa lentement avant de disparaître dans le vide, emportant avec elle ses compagnons.

Ses pieds touchèrent terre dans un roulé-boulé chaotique, la poussière lui brûlant les yeux. Quand il se redressa, Darling n’était plus là.

Il a regardé le vide où avait disparu son char, essuyant du revers de la main un mélange de sueur et de poussière sur son visage. Son corps tremblait, son cœur tambourinait. Il aurait pu hurler, pleurer, mais il a juste soufflé, la gorge serrée :

La bataille continuait au loin, mais Melvine n’entendait plus rien.

Il ne ressentait plus rien.

Il s’est avancé, lentement, jusqu’au bord de la falaise. En bas, dans les rochers brisés, le blindé était là, éventré, immobile.

Un silence pesant s’installa.

Il s’écroula sur le sol poussiéreux, le regard perdu dans l’abîme où reposait désormais Darling. Son souffle était court, son corps tremblant, mais un sourire amer se dessina sur ses lèvres gercées.

Puis Melvine se redressa, ce jour-là, Melvine devint le dernier survivant de son équipage.

vendredi 31 janvier 2025

Compton soldat d'infanterie "le soutient !"

 


COLONIE 14402 – ZONE SEMIE-DÉSERTIQUE – DÉBUT D'APRÈS-MIDI

Compton : Entre le Feu et le Métal

Sous le soleil impitoyable de la colonie 14402, l’escouade avançait péniblement. Le sol, couvert de cailloux et de poussière rouge, absorbait la chaleur pour la restituer en vagues suffocantes.

Quinze soldats progressaient en file, mais Compton, en tête, derrière sont chef d'escouade Chazot Albert pouvait sentir le poids invisible qui alourdissait chaque pas : celui des non-dits et des regards méfiants que les humains échangeaient avec les SUACR.

Quinze soldats, dont les trois quarts étaient des SUACR, ces synthétiques de combat mal aimés.

Comptons dans ses pensées, marmonna intérieurement.

Trois quarts de synthétiques… Bordel, c’est une blague ou un cauchemar ? Ces saloperies ne connaissent ni la fatigue, ni la peur, mais elles nous traînent dans les pires emmerdes. L’état-major a de l’humour, clairement.

Compton, soldat d’infanterie de 27 ans, était une étoile brillante dans cette équipe disparate : une tête brûlée à l’attitude imprévisible et à la carrure intimidante.

Une Tête Brûlée Mais Réfléchie

Engagé dans les unités spéciales DARGON par goût de l’aventure et de l’action, Compton était loin d’être un simple bourrin. Sous son air de fonceur se cachait une intelligence stratégique qui le rendait imprévisible pour ses compagnons d’arme. Mitrailleur de soutien, il était le pilier de son équipe, sa sulfateuse étant son véritable compagnon de combat. Il la surnommait « Idylle », comme pour souligner leur lien indéfectible.

Malgré son attitude parfois provocatrice, Compton assumait un rôle de pacificateur au sein de l’escouade. Lorsqu’une querelle éclatait, il intervenait, jouant le « paternel » pour rétablir l’ordre. Cependant, sa patience avait ses limites, et il ne supportait pas les ordres absurdes ou les directives qu’il jugeait contraires à la logique du terrain. Ça le rendait souvent irascible, mais aussi plus combatif sur le terrain – une qualité que son chef d’escouade avait appris à respecter, voire à craindre.

Sous une chaleur suffocante, l’escouade progressait lentement, leurs bottes soulevant une poussière fine qui semblait vouloir les étouffer davantage.

Un bruit de pierre déplacée fit sursauter un des soldats humains, jeune recrue nommée Laroche. Il jeta un coup d’œil nerveux vers le SUACR le plus proche, qui marchait d’un pas mécanique, les yeux fixes.

« Ils nous regardent, chef, » murmura Laroche à Compton.

« Non, gamin. Ils analysent. Chaque foutu détail. Et toi, arrête de leur donner des raisons de douter de nous, ou je t’en colle une, » répondit Compton, sans même tourner la tête.

L’Apparence Trompeuse des SUACR

Les synthétiques étaient troublants, presque humains. Leur peau artificielle était si réaliste qu’elle masquait leur vraie nature. Pas de cicatrices, pas de taches de rousseur, seulement des visages trop parfaits pour inspirer confiance. Leur démarche était stricte, trop précise, et leurs interactions calculées faisaient naître une tension palpable dans l’air. Pour beaucoup, combattre à leurs côtés était une malédiction.

« Chef… vous croyez qu’ils pensent ? » demanda un autre soldat, Pierri.

Compton s’arrêta, pivota légèrement pour regarder son équipe.

« Ils pensent, ouais. Mais pas comme nous. Eux, c’est du code. Des algorithmes. Si on leur dit de nous marcher dessus, ils le feront sans hésiter. »

Compton, en tête de file, s’arrêta brusquement et leva le poing pour signaler une pause. Les soldats s’effondrèrent presque sur place, cherchant un peu d’ombre, mais il n’y avait que la poussière et les rochers. Les SUACR restèrent debout, immobiles, surveillant l’horizon avec une vigilance qui aurait pu passer pour du zèle si elle n’était pas programmée.

Hale, le bavard du groupe, jeta son casque à terre et grogna :

— J’en peux plus de ces machines. Elles nous narguent avec leurs gueules lisses. Pas une goutte de sueur, pas une plainte. On dirait des vautours qui attendent qu’on crève pour ramasser les miettes.

Compton, assis sur un rocher, mastiquait une barre de ration. Il observa Hale avec un mélange d’agacement et de lassitude.

— Si tu veux les descendre, Hale, fais-le vite et discrètement. Sinon, boucle-la.

Hale ricana nerveusement.

— Sérieusement, chef. On sait tous qu’ils sont foutus. Pourquoi on traîne encore ces tas de ferraille avec nous ?

Garret, le vétéran taciturne, intervint d’une voix grave :

— Parce que l’état-major les aime bien. Et si on les supprime sans motif clair, on devra répondre de nos actes.

Compton hocha lentement la tête, son regard fixé sur les synthétiques.

— Garret a raison. Mais… (il se tourna vers Hale avec un sourire narquois) si l’un d’eux "malheureusement" tombe en panne, je doute que qui que ce soit en haut de l’échelle s’en inquiète.

Une altercation évitée

Un peu plus tard, alors que l’escouade reprenait sa marche, l’un des synthétiques, SUACR-315, s’adressa à Compton. Sa voix était neutre, dénuée d’émotion, mais l’effort pour paraître "amical" transparaissait dans le ton légèrement modulé.

— Soldat Compton, vos hommes montrent des signes d’épuisement. Proposition : augmenter la fréquence des pauses pour préserver leur efficacité.

Compton s’arrêta net et se retourna, faisant face au synthétique. Il s’approcha, son visage dur à quelques centimètres de celui, parfaitement lisse, de SUACR-315.

— T’as une idée géniale, tas de boulons. Pourquoi tu ne prends pas leur sac à dos pendant que t’y es ?

SUACR-315 inclina légèrement la tête, comme pour analyser la suggestion.

— Proposition acceptée. Transférez-moi les charges inutiles. Cela augmentera la mobilité de l’escouade.

Hale éclata de rire, un rire nerveux et moqueur.

— Il est sérieux, ce con !

Compton leva la main pour faire taire Hale, mais son ton devint plus acerbe en s’adressant au synthétique.

— T’as pas compris que c’était ironique ?

SUACR-315 resta figé un instant, ses yeux artificiels clignotant légèrement.

— Corrigé. Humour détecté. Inutile d’exécuter la proposition.

Une Tâche à Risque

Chazot Albert le chef d'escouade, bref et concis, donna un ordre impératif.

L’ordre tomba dans l’oreillette de Compton : ils devaient explorer une crête à l’horizon, zone jugée stratégique par l’état-major. Mais Compton savait. Ces ordres absurdes qui ne tenaient pas compte du terrain ou de la situation ? C’était presque toujours une recette pour un bain de sang.

Il rassembla son escouade.

« Ok, écoutez bien. On a une crête à fouiller là-bas. L’état-major pense qu’il y a peut-être quelque chose. Mais voilà la vérité : ils en savent autant que moi, c’est-à-dire que dalle. Alors on y va, mais on reste sur nos gardes.

Et vous… » Il pointa un doigt vers les synthétiques. « Pas de faux pas. Je vous ai à l’œil. »

Passez devant, vous allez ouvrir la voix.

Un SUACR tourna la tête, son visage neutre et froid. Sa voix synthétique retentit :

« Affirmatif nous suivrons les ordres, Sergent Compton. »

En monologue intérieur, Compton fronça les sourcils.

Suivront les ordres… jusqu’à ce qu’ils nous enterrent, ou pire. Pourquoi on doit traîner ces foutus tas de ferraille ? Ils ne sont pas humains. Ils ne respirent pas, ils ne rêvent pas. Ils ne comprennent pas ce que c’est de saigner. Et moi, je dois leur faire confiance ? Pas question.

Les Synthétiques Unités Autonomes de Combat Rapproché ont très mauvaise réputation !
Considérés comme peu fiables, on leur impute de nombreuses histoires sordides.
La mort n’est pour eux qu’un algorithme aléatoire, une inconnue mal maîtrisée.

Combattre aux côtés d’un synthétique est une malédiction, et peu sont enclins à les incorporer dans leur unité.

Ces machines, vestiges d’une ancienne génération, étaient connues pour leurs défaillances. Des algorithmes obsolètes rendaient leurs réactions imprévisibles : un moment, elles exécutaient des ordres avec une précision clinique ; le suivant, elles devenaient des dangers ambulants, tirant sans discernement ou déclenchant des explosions suicidaires.

Les rumeurs abondaient parmi les soldats. Certains parlaient de SUACR qui s’étaient retournés contre leur escouade en pleine bataille. D’autres évoquaient des machines qui, après avoir accompli leur mission, s’étaient figées, contemplant le carnage qu’elles avaient créé comme si elles pouvaient ressentir quelque chose d’approchant la culpabilité.

Soldats abattus par un SUACR devenu fou, escouades entières sacrifiées pour optimiser un calcul tactique, ou encore actes de barbarie gratuits sous couvert d’exécuter des ordres mal compris.

Compton n’était pas dupe. Il savait que ces histoires, bien que parfois exagérées, avaient une base de vérité. "Ces tas de ferraille vont nous planter," avait-il soufflé à son second la veille du départ.

La Tension Explose

Alors que l’escouade avançait vers la crête, un incident éclata. L’un des SUACR, dans un geste apparemment anodin, repoussa Laroche pour sécuriser un passage. Mais pour Laroche, c’était une agression.

« Hé ! Connard, touche-moi encore et je t’envoie au tapis ! » cria-t-il.

Le synthétique ne répondit pas. Pierri intervint, levant son arme.

« Chef, il faut faire quelque chose, là ! On peut pas bosser avec eux ! »

Compton s’interposa, écartant Pierri et Laroche.

« Du calme, tout le monde. Personne ne tire sur personne, compris ? »

Mais dans ses yeux, une décision mûrissait. Le regard fixe et vide des synthétiques, leur silence… Compton n’en pouvait plus.

L’Acte Décisif

Plus tard dans la soirée, alors que le soleil déclinait, Compton rassembla ses hommes.

« Écoutez… Les synthétiques sont un problème. Pas besoin de faire semblant. Si on veut survivre, il faut éliminer les variables. Et ces trucs en sont une. Vous êtes avec moi ? »

Un silence tendu s’installa, avant que Pierri ne hoche lentement la tête. Puis Laroche. Un à un, les humains approuvèrent.

Un Moment de Réflexion

Compton s’éloigne légèrement, posant sa sulfateuse contre un rocher. "Écoutez-moi bien," lance-t-il à ses hommes d’un ton grave. "On a tous entendu les histoires. Ces choses-là..." il pointe du doigt les SUACR qui marche devant un peu plus loin, "...on ne peut pas leur faire confiance. Et moi, je ne compte pas mourir à cause d’une erreur de programmation."

Le plan fut exécuté avec une précision froide.

Compton ouvrit le feu, la mort tonitruante résonnant comme le glas de leur destin funeste.

Les SUACR, avant l’instant final, se retournèrent avec une résignation presque humaine.

Ils n’ont même pas résisté. Juste obéi jusqu’à leur fin. Pourquoi ça me dérange autant ?
Pensa-t-il, le regard perdu.

Quand tout fut terminé, il s’approcha des carcasses fumantes, scrutant les visages de ses hommes. "C’est fini," dit-il simplement. "On avance."

Certains des soldats humains détournèrent le regard, mal à l’aise malgré la nécessité de l’acte. Compton, lui, resta impassible. Ce n’était pas la première fois qu’il devait faire un choix difficile, et il savait que ce ne serait pas la dernière.

Des corps enchevêtrés, désincarnés, brûlants et incandescents illuminent ainsi le regard de leurs assassins ! Au mépris de l’état-major, en début de mission, il y a des zones d’ombre, des non-dits…

Dans les unités DARGON, il est de coutume de supprimer les synthétiques.  

lundi 20 janvier 2025

Pavel soldat Artilleur

 

COLONIE 14402 – ZONE DÉSERTIQUE – DÉBUT DE JOURNÉE

Sous la lumière rougeâtre d’un lever de soleil brumeux, le campement de la 1215e régiment d’artillerie s’éveillait dans un calme tendu. Pavel, debout près de sa batterie de canons autoporteurs, consultait les écrans tactile . Chaque machine semblait un monstre métallique prêt à cracher le feu. Les ordres du commandement venaient d’arriver : une offensive coordonnée devait débuter dans moins d’une heure.

Les doigts agiles de Pavel couraient sur les claviers tactille, attribuant des cibles aux IA des canons. Il était absorbé par sa tâche, la routine habituelle d’un artilleur.

Soudain, un hurlement strident brisa l’air, une fréquence désagréablement aiguë qui fit vibrer le métal des batteries et hérissa les poils sur la nuque de Pavel. Il releva la tête, ses yeux suivant instinctivement la direction du bruit. À l’horizon, une silhouette massive fendait l’air : un vaisseau de débarquement kavouri, ses moteurs poussés à la limite, émettant ce cri mécanique caractéristique de la mort imminente.

Le chaos se déchaîna.

« IMPACT IMMINENT ! ÉVACUEZ LES POSITIONS ! » hurla une voix dans les haut-parleurs de communication. Mais il était déjà trop tard. Le vaisseau kamikaze s’écrasa dans une explosion de métal et de flammes, emportant deux canons autoporteurs et dévastant les lignes arrières. L’onde de choc projeta Pavel au sol, son casque saturé de sons étouffés et de messages d’alerte.

Des Kavouri surgirent des débris, leurs corps insectoïdes couverts d’une carapace chitineuse sombre, leurs cris stridents ajoutant à la cacophonie. Ils se précipitaient comme une vague vivante, submergeant les positions DARGON. Les canons, pourtant automatisés pour réagir à de telles attaques, étaient inutilisables – détruits ou désactivés par la collision.

Pavel se releva péniblement, le souffle court, son armure affichant des signaux de dommage mineur. Il attrapa son arme secondaire, mais la marée de Kavouri était trop dense. Un à un, il vit ses camarades tomber. Des silhouettes familières s’effondraient, déchirées ou brûlées vives.

Dans une tentative désespérée, Pavel tenta de recalibrer l’un des canons encore debout, mais un Kavouri le frappa violemment. Sa vision se brouilla. Tout devint noir.

Retrouvé inconscient plusieurs heures après l’attaque, Pavel était un miracle vivant. il est le seul survivant sur les quinze servant de batterie. C'est un miraculé d'avoir réchappé à l'attaque des Kavouri, réputé pour ne pas laisser derrière eux le moindre survivant. Pourtant, survivre ne lui apporta aucun réconfort. Chaque nuit, les visages de ses camarades morts dansaient devant ses yeux fermés. Leurs cris, leurs expressions figées dans l’horreur… tout cela restait gravé en lui.

Incorporé à une nouvelle unité après sa convalescence, Pavel était une ombre de lui-même. Les autres soldats le considéraient avec méfiance, voire hostilité. Ils murmuraient dans son dos :

« C’est lui, le seul à avoir survécu à une attaque kamikaze Kavouri. »

« Un miraculé ? Non. Un porte-malheur, plutôt. »

Un soir, autour du feu de camp, un soldat plus jeune, Jonas, osa une provocation.

« Hé, la Pétoche, t’es sûr que t’es pas un Kavouri infiltré ? Peut-être que t’as été épargné parce que t’es des leurs ! »

Les rires fusèrent, mais Pavel ne réagit pas. Il resta assis, le regard fixé sur le feu. Après un long silence, il leva les yeux avec la mort dans l’âme se cramponnant a son arme avec un regard froid et effrayant « Laissez-moi tranquille. »

Latitude de Pavel jeta un froid. Même Jonas sembla gêné par sa propre remarque, mais l’étiquette était déjà là. "La Pétoche" s’accrocha à Pavel comme une cicatrice invisible.

Chaque journée était une lutte. Pavel effectuait ses tâches mécaniquement, évitant les regards, les discussions inutiles. Son casque anti-bruit devenait un refuge : il l’activait non pas pour se protéger des bruits de combat, mais pour étouffer les voix des autres.

Seul, tard dans la nuit, il s’asseyait souvent à l’écart du campement, observant les étoiles, une arme à la main. L’idée d’en finir le hantait, mais quelque chose l’en empêchait – un instinct de survie ou peut-être la culpabilité.

casque activé pour réduire les bruits environnants, scrutant les alentours avec un détachement apparent. Mais ses sens, aiguisés par l’habitude de l’attaque surprise, ne manquèrent pas de capter un détail étrange : un scintillement dans l’air, trop régulier pour être naturel.

« Stop ! » cria-t-il brusquement.

Un instant plus tard, une explosion déchira le sol devant lui, envoyant des fragments métalliques dans toutes les directions.

Une embuscade Kavouri.

Les cris éclatèrent, les armes furent dégainées, mais les Kavouri, plus nombreux et embusqués, prirent rapidement l’avantage. L’escouade se dispersa sous la pression. Pavel se retrouva isolé, le cœur battant à tout rompre.

Sa première impulsion fut la fuite. Une petite voix dans sa tête lui répétait que cette bataille était perdue d’avance, que cela ne servait à rien. Mais une autre, plus profonde, plus sombre, résonnait avec la force des souvenirs de son ancienne batterie.

"Pas encore. Pas encore."

Respirant profondément, il désactiva le mode anti-bruit de son casque. Les sons brutaux du combat l’assaillirent, mais cette fois, il les laissa entrer. Il repéra un canon antichar abandonné à proximité, une relique rouillée mais fonctionnelle. Si les Kavouri avançaient davantage, l’unité serait anéantie.

Il rampa sous les tirs ennemis, utilisant son agilité pour se glisser dans les ombres. Parvenu à l’arme, il constata qu’elle nécessitait un calibrage manuel – une tâche qui demandait un sang-froid extrême sous le feu ennemi. Ses doigts tremblèrent une fraction de seconde, mais il se força à se concentrer.

« Juste comme avant », murmura-t-il, le souvenir de ses canons autoporteurs revenant à lui.

Un premier tir partit, fracassant une formation Kavouri. Les créatures, prises de court, hésitèrent. Les tirs de Pavel devinrent plus précis, brisant leur avancée. Ses camarades, voyant un point de ralliement dans cette résistance inattendue, reprirent courage et se regroupèrent autour de lui. La marée Kavouri fut contenue.

Après l’embuscade, une étrange accalmie régnait parmi les survivants de l’unité. Le feu de camp, ce soir-là, ne retentissait pas des habituelles railleries ou discussions bruyantes. Tous étaient encore secoués par la bataille, mais une chose semblait claire : Pavel, surnommé "la Pétoche", n’était plus exactement le même homme à leurs yeux.

Pavel leva les yeux un instant, le regard vide, son fusil a la main le regard noir fusillant du regard ses camarades.

« Je faisais juste ce que j’avais à faire. » avant de retourner à sa tâche.

Les autres soldats échangèrent des regards, surpris par la neutralité de sa réponse. Aucun sarcasme, aucune fausse modestie, juste une vérité simple. Pour la première fois, Pavel semblait faire partie du groupe, même s’il restait en marge.

Ce moment peut marquer un tournant pour Pavel, où il commence doucement à accepter sa place dans le groupe, même si son chemin vers la guérison sera encore long.


mardi 14 janvier 2025

Sinitiro soldat d'infanterie.

 

COLONIE 14402 – ZONE DÉSERTIQUE – FIN DE JOURNÉE

Une étendue désolée, balayée par un vent chargé de poussière rouge, s'étend à perte de vue. Le sol est parsemé de débris – des morceaux d'armures, des armes abandonnées, et des carcasses de Kavouri. Les vestiges d'une bataille récente jonchent le paysage, silencieux témoins d'un carnage passé.

SINITIRO, silhouette solitaire imposante dans son armure DARGON usée et marquée par les combats, marche d’un pas lent mais déterminé. Sur son épaule, KIKO, son petit compagnon hybride, observe les environs, alerte mais curieux.

SINITIRO murmure, plus pour lui-même que pour KIKO...

« Encore un désert. Toujours des déserts. On se bat, on saigne... et pour quoi ? » « Une planète de plus pour l’humanité ? » « Une nouvelle colonie qu’ils oublieront dès qu’elle tombera. »

KIKO penche la tête en entendant sa voix, comme pour l’encourager à continuer. Sinitiro esquisse un sourire fatigué, presque imperceptible.

« Tu veux que je parle, hein ? » « T’es bien le seul... » après un long silence stoïque SINITIRO sort de da torpeur, « J’ai plus rien à dire, KIKO. Plus rien qui vaille la peine d’être entendu. »

KIKO gratte son épaule, pointant un objet brillant au sol. Sinitiro s’arrête, le regarde, puis se penche pour ramasser une balle déformée. Il la fait rouler entre ses doigts gantés.

Une balle tirée, une balle perdue. (Long soupir) J’aurais dû en finir avec ça, il y a longtemps. Mais toi… toi, t’es là pour me rappeler que je suis toujours en vie.

Il balance la balle au loin. KIKO pousse un cri de protestation, comme si c’était un trésor gaspillé.

SINITIRO se relève « T’inquiète pas, y’en aura d’autres. »

Alors qu’ils reprennent leur marche, un bruit mécanique se fait entendre. Un drone éclaireur Kavouri surgit à une vingtaine de mètres, ses capteurs tournant frénétiquement. Sinitiro s’immobilise, ses yeux se rétrécissant sous son casque.

SINITIRO à voix basse « Et voilà… eux, ils ne manquent jamais un rendez-vous. »

Le drone émet un signal strident.

DRONE KAVOURI « Cible détectée.»

Sinitiro n'y fait aucune remarque. Il s’agenouille lentement, son fusil glissant dans ses mains comme une extension de lui-même. Une rafale bien placée éclate le drone en morceaux.

KIKO pousse un cri de joie, sautillant sur son épaule. Sinitiro souffle, las.

SINITIRO en regardant KIKO.

« T’en fais pas. C’était rien. Mais là où il y en a un, il y en a toujours d’autres.»

Il regarde l’horizon, plissant les yeux. Un bruit sourd commence à résonner, comme un tambour, régulier et menaçant. Le sol tremble légèrement. KIKO bondit au sol, nerveux.

SINITIRO, Serrant les dents, « Voilà. Je savais que c’était trop calme. »

À l’horizon, une meute de Kavouri surgit, leurs formes insectoïdes se déplaçant à une vitesse terrifiante. Ils sont des dizaines, armés de leurs hurlements perçant l’air.

Sinitiro regarde la horde, immobile. Il semble presque résigné, mais un éclat de défi traverse ses yeux.

SINITIRO  à voix basse, « Encore eux. Toujours eux. Chaque jour, je me dis que ce sera le dernier. Que cette fois, ils m’auront. Mais non. Pas aujourd’hui. »

Il dépose KIKO derrière un rocher.

« Toi, reste là. Pas question que tu te fasses grignoter. Moi, j’ai déjà tout perdu, mais toi… toi, t’as encore une chance. »

KIKO pousse un petit gémissement, mais obéit. Sinitiro ajuste son fusil, vérifiant chaque composant avec des gestes précis. Il inspire profondément.

SINITIRO en monologue... se fait la réflextion.

« Tant qu’il y a des balles, il y a de l’espoir. Tant que je tiens debout, ils ne passeront pas. »

La première vague de Kavouri s’élance, hurlante. Sinitiro vise calmement et ouvre le feu. Chaque tir est précis, abattant les créatures une par une. Mais la horde ne faiblit pas.

Entre deux tirs, SINITIRO parle à voix basse, presque comme s’il s’adressait à quelqu’un qui n’est pas là :

« Tu te souviens, Helena ? T’étais là, avant tout ça. Avant que la guerre me prenne. Je me bats encore… mais je sais même plus pourquoi. Peut-être pour toi. Peut-être pour pas oublier. »

Un Kavouri bondit sur lui. Sinitiro pivote, attrape son couteau, et plante la lame dans le crâne de la créature. Il la repousse, son visage durci.

SINITIRO en grondant, « Pas aujourd’hui. »

Les corps des Kavouri s’empilent autour de lui, mais il vacille. Le souffle court, il continue de tirer, ses munitions s’épuisant. KIKO, inquiet, pousse un cri.

SINITIRO Regardant KIKO, « T’inquiète pas, petit. Je tiens encore. »

La dernière créature tombe enfin. Sinitiro se tient debout, seul au milieu des corps, son armure éclaboussée de sang. Il pose un genou à terre, épuisé, mais vivant.

KIKO grimpe sur son épaule et le regarde avec de grands yeux. Malgré le visage maculée de sang, malgré cela la lassitude se lit sur son visage. Sinitiro pousse un soupir long et lourd.

SINITIRO dit Tout bas, presque un murmure...

« J’en suis las... »



jeudi 2 janvier 2025

Cyborg de dernière génération.

 


Les Chroniques du Projet USCA : Le Destin Tragique de Charles Surugue

Une offre singulière

À 53 ans, Charles Surugue était un homme que la retraite avait laissé à la dérive. Sa vie était devenue une succession de journées ternes, entre les matinées désolantes devant les émissions de télévision et les promenades sans but dans un quartier déserté par l'espoir. Quand il apprit l'existence de la campagne de recrutement du Département Recherche Cyborg Technologie Industrie (D.R.C.T.I.), un rictus cynique étira ses lèvres.

Le programme cherchait des volontaires — ou plutôt des cobayes — pour tester la nouvelle génération d'unités synthétiques de combat autonome : les USCA. Transformés en machines de guerre ultra-perfectionnées, ces cyborgs étaient présentés comme l'avenir des champs de bataille. Mais les rumeurs évoquaient des expériences hasardeuses, des technologies en version bêta et des tests qui avaient plus de points communs avec un laboratoire de Frankenstein qu'avec une initiative militaire éthique.

« Mourir pour mourir, autant que ce soit avec panache, » songea Charles.

Avec un mélange d'ironie et de défi, il signa son engagement.

La renaissance dans l'acier

Charles n'était plus.

Du moins, pas dans le sens où il se percevait autrefois. Son corps vieillissant avait été remplacé par une carcasse mécanique à la pointe de la technologie. Sa vision était désormais décuplée par des capteurs à large spectre, pilotés par des algorithmes d’analyse cognitive si avancés qu'ils anticipaient ses besoins avant même qu'il ne les formule. Ses mains, autrefois tremblantes, étaient devenues des instruments précis, capables de dépecer une armure ennemie ou d'effectuer une chirurgie de fortune. Et son esprit, alimenté par les dernières avancées en nanotechnologie, bouillonnait d'une efficacité et d'une clarté qu'il n'avait jamais connues.

Équipé des connaissances et des compétences de centaines de combattants vétérans, Charles — ou plutôt l'USCA-137 — était une arme vivante. Les champs de bataille devinrent son domaine. Ses exploits, marqués par des stratégies brillantes et une brutalité froide, firent de lui une légende. Lors des combats les plus sanglants, il était celui que les soldats préféraient avoir à leurs côtés, et que leurs ennemis redoutaient de croiser.

Les hauts dignitaires de l’empire lui accordèrent des médailles, des discours enflammés glorifièrent son sacrifice. Il était devenu un héros de guerre. Mais dans l’ombre, des murmures désobligeants commençaient à se faire entendre.

La chute de l’ange d’acier

La gloire fut de courte durée. Les premiers signes de dysfonctionnement étaient subtils : une réaction disproportionnée ici, une décision aberrante là. Mais bientôt, les USCA de cette génération prirent un virage tragique.

Les nanotechnologies qui amplifiaient leur cognition commençèrent à détruire leur équilibre mental. Schizophrénie, hallucinations, comportements meurtriers... Ces anomalies firent de ces machines des dangers pour leurs propres camps. Charles, naguère héros acclamé, était maintenant un symbole de peur. Ses exploits furent réduits au silence, ses faits d’armes rayés des registres officiels.

Pour l’empire, il ne s'agissait pas seulement d'un problème technologique, mais d'une menace pour son image. Le D.R.C.T.I., pilier de l’économie impériale, ne pouvait se permettre un scandale. La solution fut impitoyable : une opération de sécurité nationale fut mise en place pour éliminer tous les USCA de cette génération.

Le sacrifice d'un homme

Charles Surugue n'avait jamais été dupe. Lorsqu'il avait signé pour le programme, il savait qu'il ne sortirait jamais indemne de cette aventure. Mais il n’avait pas prévu que son destin s’écrirait avec une telle ironie.

Pour le bien de l’état, pour préserver l’image d’une institution qui l’avait d’abord glorifié puis rejeté, il fut traqué et abattu. Ses restes furent effacés des registres, et son nom ne fut jamais prononcé à nouveau dans les sphères officielles.

« Si je dois mourir, que ce soit avec panache, » avait-il dit un jour.

Et ainsi, Charles Surugue fut sacrifié sur l’autel de la raison d’État, un héros transformé en martyrs oubliés. Son épopée devint une légende murmurée parmi les soldats, un rappel poignant des sacrifices qu'exige l'empire pour son propre intérêt.

Une mémoire effacée

Dans les bureaux climatisés du D.R.C.T.I., on continuait à perfectionner les prochaines générations d’USCA, en effaçant soigneusement toute trace des erreurs passées. L’histoire de Charles Surugue, comme celle de tant d’autres, était reléguée aux archives scellées. Mais dans les zones de combat, là où les hommes continuent de se battre, son souvenir persistait.

Et parfois, dans le fracas des batailles, certains jurent entendre une voix murmurer : « Mourir pour mourir, autant que ce soit avec panache. »